La peur emprunte de multiples visages selon les individus : peur de l'échec, peur de décevoir, peur de l'inconnu, peur des autres, peur de souffrir, peur de la mort, peur de ne pas être aimé...
De la peur panique, des phobies, au simple instinct de conservation, elle peut déterminer notre vie ou l'influencer fortement. Elle peut nous paralyser ou nous condamner au supplice de l'indécision et de l'inaction. Tout faire rater...
Pour l'illustre écrivain français François Mauriac, «la peur est le commencement de la sagesse». Pour son compatriote André Gide, une peur comme la peur du ridicule «obtient de nous les pires lâchetés». Face à la peur, on peut s'écraser, fuir ou céder à l'impuissance. Ou bien on lui résiste, on la maîtrise à force de confiance et de courage. Pour transformer cette énergie négative en pouvoir positif, et en faire un tremplin vers le succès.
C'est cette dernière voie qu'a choisie Laura Vikmanis, quand, victime de violence conjugale, elle a mis fin à seize ans de mariage en quittant le foyer familial avec ses deux jeunes enfants. En s'affranchissant de cette relation destructrice avec un mari abusif, cette petite blonde américaine, aujourd'hui dans la cinquantaine, avait conscience que la vie qui l'attendait risquait d'être dure pour elle et sa famille.
Sous le choc d'un divorce émotivement très éprouvant et déprimant, elle a senti la menace et la peur de la dépression nerveuse. Mais elle savait qu'elle avait en elle cette force, cette résilience et ce courage pour la soutenir et lui permettre de mettre derrière elle cette mauvaise période de sa vie.
Cette confiance en ses capacités, elle l'avait développée dès sa tendre enfance, en pratiquant le cheerleading à l'école. Ce sport extrême, qui, de toutes les disciplines athlétiques, est la plus dangereuse en terme de probabilités de blessures. Vous ne pouvez pas faire des pirouettes à toute vitesse; exécuter des figures de voltige en étant catapultée dans les airs par vos coéquipières, ou garder votre équilibre en position d'instabilité sans avoir d'abord dompté la peur...
Sans s'en douter, ce sera justement le cheerleading qui l'aidera à retrouver son équilibre après son atroce divorce. Retournée vivre dans sa ville natale de Springboro (Ohio), c'est en assistant à un match de football professionnel américain des Bengals de Cincinnati (NFL) que son attention a été attirée par les meneuses de claque (les Ben-Gals) du club local.
Vikmanis fut vraiment impressionnée par le talent et les ravissants uniformes de ces Pom Pom Girls superbes et enthousiastes. Coup de foudre ? Réminiscence de son passé d'enfant cheerleader ? Ou rapprochement de son présent métier de diététicienne spécialiste du conditionnement physique -incluant la danse- ? Toujours est-il qu'elle déclara aux amies, qui l'accompagnaient au stade ce jour-là de l'année 2008, qu'elle voudrait être meneuse de claque professionnelle. Puis de renchérir aussitôt, en admirant les Ben-Gals en train d'offrir leur remarquable performance devant la foule, : «je pense que je peux faire ça».
Constatant qu'elle semblait sérieuse en faisant une telle affirmation, qui avait des allures de projet, une de ses compagnes lui répliqua qu'elle était bien trop vieille pour oser même songer à ce dessein. Devant elles, les Ben-Gals, qui se démenaient en dansant de manière endiablée, avaient l'âge d'être leurs filles, ou presque !
Laura ne se laissa pas démonter par ce commentaire négatif à propos de son âge. Après tout, elle était en grande forme, à cause de son métier. Ne faisant ni une ni deux, elle alla parler à une cheerleader des Bengals. Cette dernière l'encouragea à se présenter aux essais du prochain camp d'entraînement des candidates aux postes de meneuses de claque de l'équipe.
Mais c'était un défi qu'elle aimait. C'était une sorte de revanche contre son ex-mari contrôlant, qui, du temps de leur mariage, ne lui aurait jamais permis de tenter une telle expérience. L'excellente préparation physique et mentale de Vikmanis lui rapporta des dividendes aux essais libres. Elle se retrouva en finale après les rondes éliminatoires. Mais elle ne fut pas choisie pour faire partie du squad des Ben-Gals.
Elle s'était préparée à une telle éventualité. Ce n'était que partie remise. L'année suivante, Laura prit les grands moyens pour réussir à se tailler une place au sein de la brigade officielle des Pom Pom girls du club de Cincinnati. Elle s'entraîna avec une des filles du squad, participa aux pratiques du groupe, apprit à se coiffer et à se maquiller comme les pros du métier afin d'être aussi belle qu'elles. Bref, elle redoubla d'ardeur et d'effort pour être encore mieux préparée aux prochains essais.
Cette fois-ci fut la bonne ! Témoins de ses prouesses, les juges de la compétition n'eurent d'autre choix que de lui faire une place parmi les membres du squad officiel de cheerleaders des Bengals de Cincinnati. À 40 ans, Laura Vikmanis accomplissait un exploit sans précédent en accédant, à un âge aussi avancé, à la prestigieuse Ligue Nationale de Football des États-Unis d'Amérique. Elle abattait ainsi des préjugés tenaces, de même que les barrières de l'âgisme. Elle y parvenait aussi grâce à l'ouverture d'esprit des membres du personnel de l'organisation des Bengals de Cincinnati. Il faut le souligner.
Dans les autres organisations à travers la NFL, on a plus l'habitude de voir des filles de 20 ans manier les pompoms lors des matchs du dimanche. Pour se tailler une place dans la grande ligue, les candidates doivent réussir plusieurs examens dont le redoutable «test» du...maillot de bain ! Ces défilés en bikini tiennent plus de la parade de mode que de la gymnastique propre aux concours de cheerleading, mais ils ont une importance non négligeable pour la plupart des panels de juges aux auditions de meneuses de claque, partout dans la NFL. En effet, c'est en bikini que les pom pom girls choisies seront photographiées, pour la réalisation du fameux calendrier d'équipe, outil de marketing stratégique vendu en grand nombre aux partisans et amateurs de football, partout au pays.
Les 40 printemps de Laura Vikmanis auraient pu diminuer ses chances de passer avec succès cette épreuve du maillot de bain, favorisant davantage les jeunes candidates au corps sculptural. Mais comme pour les habiletés physiques requises pour la danse, la quadragénaire mère de famille n'a pas souffert des comparaisons avec les plus jeunes car elle avait toujours pris soin de son corps et de sa santé.
Quelques semaines après la sélection de Vikmanis qui faisait d'elle une Ben-Gal à part entière, ses filles Courtney et Marija pleuraient de joie lorsqu'elles ont vu leur mère danser aux côtés des autres Ben-Gals à la première partie locale de la saison de l'équipe de Cincinnati. Comme elles étaient excitées et fières de des accomplissements de maman ! Un sentiment indescriptible ! Un modèle à suivre puisqu'elles étaient elles-mêmes cheerleaders à leur école !
L'effet de cette réussite exceptionnelle fut prodigieux. Vikmanis devint une vedette invitée à participer à plusieurs émissions de télévision et de radio. De nombreux journaux et diverses revues lui consacrèrent également des articles élogieux. De 2009 à 2014, jusqu'au vénérable âge de 46 ans, Vikmanis est parvenue à conserver son poste chez les Ben-Gals. D'année en année, c'était toujours de plus en plus difficile pour elle de "survivre" au camp d'entraînement et aux affrontements avec de jeunes candidates de plus en plus redoutables et talentueuses.
Elle avoue avoir été elle-même très étonnée de trouver la force et le courage supplémentaire de satisfaire aussi longtemps aux exigences de la tâche de cheerleader dans la NFL, autant sur le terrain de jeu qu'en dehors de celui-ci. Les meneuses de claque professionnelles doivent représenter leur équipe non seulement dans plusieurs activités communautaires mais aussi à l'étranger; par exemple, pour soutenir le moral des forces armées américaines opérant outre-mer.
Vikmanis est sortie grandie de cette enrichissante expérience qui lui servira pour le reste de sa vie. Elle a relaté son incroyable histoire dans un livre, «It's not about the Pom-Poms», co-écrit avec Amy Sohn. Elle raconte son histoire sobrement et avec humour, sans tenter d'embellir davantage son vécu. Les droits de cet ouvrage ont été acquis par un producteur de cinéma pour en faire un film.
Laura reçoit des témoignages de partout dans le monde, de la part de personnes, surtout des femmes, inspirées par son cheminement d'épouse violentée, de mère célibataire courageuse, et de réussite professionnelle sans précédent. À toutes celles qui lui demandent des conseils, Vikmanis répond invariablement par ces mots : «Ne vous limitez pas vous-mêmes. Soyez ouvertes à d'autres opportunités, et ne vous jugez pas vous-mêmes.» (...) «Ne laissez pas vos peurs imaginaires nuire à ce que vous faites. C'est après vous être libérées de la peur que vous devenez courageuses.»
Dans le fond, ces paroles de sagesse rejoignent celles du renommé romancier brésilien Paulo Coelho, auteur de "L'Alchimiste", un livre vendu à plus de 65 millions d'exemplaires : «Il n'y a qu'une seule chose qui puisse rendre un rêve impossible à réaliser : c'est la peur d'échouer.»
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Trente-cinq ans avant l'exploit de Laura Vikmanis, Sharon Simmons (photo ci-dessus) était passée près d'auditionner pour devenir meneuse de claque des célèbres Cowboys de Dallas. Mais, à cette époque, elle a dû renoncer à ce projet, trop occupée qu'elle était à élever son premier enfant.
Cependant, lorsqu'elle a eu 50 ans, cette blonde ambitieuse que rien ne semble vouloir arrêter, a décidé de réaliser ses rêves. Même les plus extravagants ! C'est à cet âge, où la plupart des gens ralentissent leurs activités et songent à leur retraite, que Simmons a commencé à participer à des compétitions de culturisme (fitness). Elle en a gagné beaucoup mais ce n'est pas ses succès qui la motivaient. C'était plutôt tout le processus d'entraînement qui précède ces concours.
Aujourd'hui, en revoyant les vidéos de ses participations à ces compétitions, Sharon ne se trouve pas très bonne. Par contre, elle se souvient avec bonheur des ovations du public, ébahi par son audace et sa force de caractère.
L'important dans la vie, pour Sharon Simmons, c'est d'oser. C'est de vaincre sa peur. C'est de ne jamais dire "jamais", et de ne jamais accepter que quelqu'un d'autre vous fixe des limites. L'âge est un état d'esprit. Sharon se sent comme si elle était encore dans la vingtaine. Même son mari oublie l'âge qu'elle a ! Il n'est jamais trop tard pour commencer à faire de l'exercice, dit-elle. Si vous perdez de vue vos objectifs ou vos défis physiques, revenez dans le droit chemin, persévérez ! Ne vous retenez pas, foncez !
Simmons a écrit deux livres au sujet du conditionnement physique chez les personnes de 50 ans et plus. Son prochain défi ? La course automobile !
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Depuis 50 ans, les femmes ont de moins en moins PEUR. Cette peur qui y était pour beaucoup dans l'étiquette de "sexe faible" qui était accolée à leur statut. D'ailleurs ça ne fait pas si longtemps qu'elles ont le droit de vote en Occident et qu'elles sont reconnues comme "personnes légales" n'ayant plus besoin d'être "endossées" par un mari ou leur père pour signer des contrats ou un bail. Les femmes s'affirment de plus en plus dans une foule de domaines, et c'est un apport énorme et révolutionnaire pour le bien de nos sociétés !
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Laura Vikmanis raconte sa fascinante histoire dans la video ci-dessous :
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